Focus sur le métier d’IT Consultant avec Christophe Troessaert
Le secteur des TIC évoluant rapidement, les entreprises sont obligées de s’adapter à de nouveaux outils toujours plus rapides, plus performants et ergonomiques. Afin d’amener à cette transition technologique, elles font appel à un professionnel, spécialiste des technologies de l’information et de la communication, le Consultant IT.
Son rôle est d’accompagner une entreprise et de la conseiller en matière de TIC. Il pose un diagnostic des technologies existantes, analyse ses besoins, propose des solutions et des orientations technologiques adaptées (en matière de logiciels, internet, réseau interne à l’entreprise et/ou ses filiales…). Il est donc amené à travailler avec de nombreux acteurs de l’entreprise, car il accompagne aussi tous les collaborateurs dans le changement technologique, notamment au travers de formations. Enfin, en véritable gestionnaire de projet, il vérifie l’avancement et parfois réalise même un suivi une fois la mission terminée.
Christophe Troessaert, 27 ans, est un de ces hommes de tous les terrains. Et si son métier le passionne, le chemin pour y arriver n’a pas été nécessairement évident et aisé comme il pourrait l’être pour d’autres professions.
Vivement intéressé par l’informatique, Christophe décroche son CESS comme Major de sa promo à l’Institut Provincial d’Enseignement Secondaire d’Ath. Il tente des études supérieures, mais les cursus sont toujours orientés ou développement ou électronique. Or, Christophe est intéressé non par le côté développement, mais par le côté infrastructure, serveur, matériel… CT – « Ce qu’on fait n’existe dans aucun cursus. C’est malheureux à dire, mais il n’y a pas de formation Infrastructure. On tombe dedans soit par hasard, soit parce qu’on en a entendu parler ou qu’on connait des gens qui en font et qu’on s’y intéresse ».
Après avoir tenté deux graduats en informatique, il préfère trouver quelque chose qui relève plus du terrain: il suit une formation de 6 mois chez TechnofuturTIC à Gosselies en Infrastructure – Gestionnaire de PC-Réseau. Puis, c’est le parcours du combattant pour décrocher un stage et un premier emploi, trouvés souvent par hasard… CT – « Ca commence en général par des first-line, des help-desk… Certains arrivent à monter à l’intérieur de la société ; d’autres abandonnent bien avant et changent complètement de structure, ou font du développement ou autre chose. Il n’y a pas d’école Infra. La seule école qui existe est celle du terrain. Il faut avoir la chance de tomber sur une société qui veut bien prendre un certain risque en misant toi. Il faut aussi tomber sur les bonnes personnes : les gens que tu croises et la manière dont ils te guident aussi peuvent faire que tu vas arriver à t’épanouir et bien évoluer ».
Se battre, se motiver, s’investir, prendre des risques et quelques claques, c’est ce que Christophe fera les années qui suivront. Mais Christophe est de ceux qui pensent qu’on apprend de ses échecs autant que de ses réussites. Il a des affinités avec Windows, cela se confirme avec le temps et il pousse dans cette direction pour tomber par hasard dans une société de services, Connectis. C’est vraiment le début de la consultance : il s’y sent à l’aise et grimpe dans la société pendant 2 ans. Puis, il passe chez Vision IT Group comme System Engineer dans l’équipe de Stéphane Deloison où, à force de ténacité et d’engagement, il continue à apprendre de ce chef d’équipe Infra fort de 20 années d’expérience sur le terrain. Ayant un physique très jeune, il se voit d’autant plus dans l’obligation de devoir justifier la qualité de sa prestation qu’il comble par une volonté, une motivation et un degré d’investissement élevé dans les projets qu’on lui confie afin de réussir à inspirer confiance. Et cela finit par payer puisque Christophe est aujourd’hui Senior IT Consultant (Advanced Infrastructure) et IT Infrastructure Architech chez Devoteam Belgium.
Concrètement, le Consultant IT travaille soit en interne dans l’entreprise à laquelle il appartient, soit en tant que consultant externe d’une société de services. Dans ce cas de figure, il peut être multi-clients ou positionné en body shopping (rester en externe chez le même client). Dans son travail, Christophe a la chance, grâce à la qualité de l’investissement qu’il fournit, d’être « multi-clients », ce qui n’est pas donné à tout le monde, car il faut pouvoir s’adapter à une multitude d’environnements différents de manière très rapide. CT – « Tu es envoyé chez un client et tu ne sais pas comment tu vas devoir l’aborder. Tu ne sais pas s’il est enclin à recevoir du support ou de l’aide. Certains acceptent difficilement la critique, même si c’est pour améliorer les choses. C’est vraiment un exercice… Juste avant, il y a toujours une petite crainte, pendant ça devient intéressant, excitant et après, la majeure partie du temps, ça se passe bien, même encore mieux que prévu et il y a vraiment le cadeau… Le truc qui est vraiment génial, c’est d’avoir la reconnaissance, d’avoir un merci. Parfois, un client peut même devenir un ami. C’est ce qui fait partie des qualités de ce travail. Un exemple que je voulais donner : un client de Microsoft n’avait jamais travaillé avec des consultants extérieurs pour des raisons de sécurité et d’habitude. Mais pour des raisons de temps et de personnes, il a fait appel à Microsoft qui m’a transféré le contrat. A la base la mission devait être d’une vingtaine de jours, environnement multi-national avec un excellent partage des tâches. Au bout de 20 jours, le travail a été bien fait et le client était tellement content qu’avec le budget qu’il restait il a souhaité que ce soit moi qui termine l’année chez lui. Même plus, pour la première fois, il a fait une demande pour avoir un budget afin que je vienne régulièrement durant toute l’année. Ca, c’est une récompense professionnelle et personnelle. Professionnelle parce que ça ramène du business pour Microsoft et pour ma boîte et que ça m’apporte du travail ; personnelle, car j’ai bien rempli mon job et que le client est content ».
Christophe a aussi connu des missions à l’étranger, dont une en Arabie Saoudite comme Architect Infra. Et si les différences culturelles peuvent poser un problème et rendre compliqué le bon accomplissement de la mission, avec le recul, l’expérience est intéressante et le confronte à d’autres manières de travailler qui ne sont pas les nôtres. CT – « J’aime travailler avec des structures de plusieurs pays ou régions, car c’est à chaque fois des mentalités différentes. Les Wallons travaillent d’une manière, les Bruxellois d’une autre et les Flamands d’une autre. Quand on mélange tout, ça peut donner quelque chose d’intéressant ».
Un des avantages de ce travail est qu’il permet de rencontrer des gens différents, des gens qui ont des postes différents, qui ont plus ou moins de responsabilité, des business qui sont plus ou moins importants. Mais un client reste un client, quelque soit sa taille et son problème. CT « L’avantage est que chaque client me permet d’apprendre quelque chose. C’est ça qui est génial ! Par leur business, par leur travail, ça nous impacte et vice-versa ».
S’il tombe sous le sens que le Consultant IT doit posséder des connaissances dans le domaine des nouvelles technologies (internet, e-commerce, serveurs, réseaux informatiques, équipements, logiciels…) ainsi qu’une compétence technique et de gestion de projets associés à une bonne connaissance de l’anglais, il y a néanmoins des qualités requises qui lui sont bien personnelles. Etre rigoureux et pragmatique, savoir écouter, être pédagogue et diplomate pour parfois faire évoluer des pratiques qui sont bien ancrées chez le client, mais qui ne lui sont plus profitables. Avoir une forte personnalité en fait aussi partie : il ne faut pas avoir peur des clients, de faire de la route, de voir de nouvelles personnes, de ne jamais savoir ce qui va se passer le lendemain, de changer de cadre régulièrement. Cela demande des facultés d’adaptation, de la personnalité et de la motivation, ainsi qu’une capacité à se remettre en question. CT – « Avec l’expérience, tu apprends à analyser tes clients, à adapter tes réflexes et ton comportement à l’univers du client et aux gens qui travaillent chez le client, ceux qui vont être tes collègues pendant les quelques semaines à venir ».
« Ce qui fait de Christophe un bon consultant, c’est qu’il apprécie la découverte, le challenge, mais aussi le fait qu’il accepte de continuellement apprendre et de se remettre en cause en se posant les bonnes questions. Il n’y a que la consultance sur le terrain qui nous permet ça », nous confie Stéphane Deloison Technical Lead Manager Microsoft & Senior IT Consultant & IT Infrastructure Architect chez Vision IT Group et qui a eu Christophe sous son aile pendant 2 ans.
Le secteur IT tendant à évoluer, le métier de Consultant IT tend donc à se transformer. Le Consultant IT n’est plus une personne experte dans un domaine qui fait le travail de quelqu’un qui n’a pas les compétences ou le temps : il tend à être la personne qui va automatiser et optimiser les sociétés. On va retrouver deux types de consultants : ceux qui vont optimiser les sociétés et les processus actuels et ceux qui vont créer et maintenir l’infrastructure Cloud en place, ce qui était la fonction de l’administrateur réseau système de l’ancienne génération. Le Consultant IT évolue avec les produits et ne reste pas sur ses acquis. La manière de travailler va changer, mais sur le fond ce sera toujours le même boulot. CT – « Voir dans 3 ans, c’est compliqué… De toute façon, on n’est pas maître du jeu. Ce n’est pas nous qui décideront ce qu’il y aura dans trois ans… Ce sont les grands majors de la société comme Microsoft, Google, Apple… Il faut accepter le changement et s’adapter. L’être humain est en phase d’être remplacé dans beaucoup de tâches répétitives. Malheureusement, il y a beaucoup de gens qui pensent être utiles et créent une utilité à leur boulot en compliquant les choses, alors qu’en fait c’est innover et montrer qu’on peut apporter de nouvelles choses qui est utile et crée une valeur ajoutée. Mais tout le monde ne l’accepte pas. L’homme n’aime pas le changement, mais nous on ne doit pas être humain, car il faut qu’on s’adapte au changement 🙂 ».