[Interview] Pierre Emmanuel Dautrepre – Rencontre avec cet Agiliste convaincu aux multiples casquettes
Le 24 octobre dernier, le MIC avait rendez-vous avec Pierre-Emmanuel Dautreppe depuis le Coworking de Charleroi. .Net Evangelist, Coach Agile et co-fondateur avec son collègue Norman Deschauwer de Pyxis Technologies Belgium, passionné de technologies et spécialisé dans les technologies Microsoft (.Net et Team Foundation Server). Rencontre avec cet Agiliste convaincu aux multiples casquettes…
PE, peux-tu te présenter?
PE – « Je m’appelle donc Pierre-Emmanuel Dautreppe, j’ai 34 ans et je suis français, installé en Belgique depuis 2002.
J’ai fait des études d’ingénieur en informatique industrielle à la base. Je me destinais plutôt à tout ce qui était robotique. A la fin de mes études, je suis venu en Belgique pour faire un stage dans le monde de l’informatique de gestion. J’ai donc découvert .Net pendant mon stage en 2002 et je suis resté dans ce monde-là ».
Pourquoi cette passion pour la méthodologie Agile ?
PE- « En fait, un peu par hasard. Je travaillais comme développeur et, en 2005, je suis tombé sur un client qui voulait faire un projet en Agile en eXtreme Programming (XP) et on a monté une équipe pour ce projet-là. Ni le client, ni nous ne connaissions l’Agilité et le deal était que nous allions apprendre ensemble. C’est donc à ce moment-là qu’on a découvert le monde Agile : on était suivi par un coach français qui venait ponctuellement. Au début, on a eu quelques difficultés à comprendre et rentrer dans l’Agilité (rires).
Puis, Norman (Deschauwer) nous a rejoints en 2007. A son arrivée, on a commencé à sortir de notre bulle : on est allé à des conférences Agile, des XP Days, des Agile Tour. Et c’est là où on s’est pris une grosse claque : on se rendait compte de tout ce qu’on ne faisait pas bien sur Agile. Du coup, on a commencé vraiment à accrocher sur l’Agilité, à découvrir et à apprendre.
En 2009, on a commencé à donner des conférences, ou plutôt des retours d’expériences sur la mise en place de l’Agilité. On a donné deux conférences lors de l’Agile Tour Suisse à Genève. C’est vraiment cette expérience qui a lancé la suite, qui nous a convaincu que c’était ce qu’on voulait faire et qui nous a conforté dans l’idée que l’Agilité fonctionnait bien et apportait beaucoup de choses, sur les projets et sur l’humain ».
Tu es fondateur de DotNetHub. En quelques mots, de quoi s’agit-il ?
DotNetHub, à l’origine, c’est 6 amis et collègues. C’est venu d’une frustration que l’on ressentait tous. Et l’idée est tombée aussi en 2009. Nous étions actifs en tant que spectateurs dans les communautés belges. A cette époque-là, les communautés belges, c’était uniquement le Visug en Flandres. Et on était toujours confronté à la même question lors des sessions Visug qui commençaient par : « Est-ce qu’il y a des non-néerlandophones dans la salle ? », à savoir est-ce qu’on fait la session en flamand ou en anglais… Et il y avait toujours deux, trois malheureux francophones dans le fond de la salle.
Ce n’était pas possible : soit il n’y avait pas de développeurs francophones, soit ils ne s’intéressaient pas à ce type de conférence, soit c’est que la Flandre était juste trop loin et la langue posait un souci. On s’est dit qu’il y avait clairement un manque : on allait donc essayer de créer une communauté francophone, en se rapprochant le plus possible des développeurs francophones, en organisant des conférences techniques autour du .Net et en se déplaçant le plus possible en Wallonie. On a mis un peu de temps à commencer… »
Norman – « Puis, on a créé les journées Agile, où, à la première édition, on a eu 35 personnes. A Charleroi, un après-midi, en français, 35 personnes ! Tout le monde a dit « Chapeau ! », car ce n’était pas gagné : on était personne, il n’y avait pas de communauté, si ce n’est une communauté néerlandophone ».
Qu’est-ce donc que la journée Agile ?
PE – « Avec Norman, on a voulu créer un événement, une journée, pour parler exclusivement d’Agilité.
La première année, on a pris deux salles en parallèle, on a fait quatre sessions au total sur l’après-midi. C’était des conférences, des retours d’expériences, des ateliers. Il peut y avoir des sessions techniques, des démonstrations de produits et des techniques de codages : les sujets peuvent être très larges, mais toujours dans le contexte des méthodologies Agile.
La première édition s’est donc passée en 2010, à Charleroi. C’est devenu un rendez-vous annuel : on a fait les années suivantes Bruxelles, Namur, LLN, Liège et l’année prochaine, le 27 mai, ce sera à Mons, à l’UMons (www.journeeagile.be) ».
Vous travaillez tous les deux chez Pyxis. Quelle est la mission de cette société ?
PE – « D’un point de vue historique, Pyxis est une société d’origine québecoise, fondée en 2000 à Montréal, qui est en train de s’ouvrir sur le monde. Il y a deux antennes Pyxis au Canada et une en Suisse. Pyxis Belgique a été créée cette année en mai et 2015 verra l’ouverture de trois nouvelles entités : deux en France et une à Singapour.
L’objectif de Pyxis est de partager notre savoir-faire et de créer des solutions logicielles et organisationelles qui améliorent la vie des des équipes et des utilisateurs en offrant 3 services qui sont /Campus, /Conseil et /Studio.
Il y a le pôle Campus. C’est tout ce qui est lié à la formation sur l’Agilité. Notre offre de formation couvre à la fois les aspects méthodologiques (découverte de l’Agilité, Scrum Master, product owner), organisationnels (management 3.0, immunity to change) ou techniques (Scrum Developper, Test Driven Development, apprentissage ou perfectionnement technique).
Le deuxième pôle est le pôle Conseils. Le coaching va se dérouler à trois niveaux : coaching individuel, coaching d’équipe ou coaching organisationnel. On va intervenir comme agent de changement dans les sociétés pour les aider dans leur transition vers l’Agilité.
Le troisième et dernier pôle est le pôle Studio. Il s’agit de consultance technologique, de développement sur mesure, mais également de développement de produits internes. A ce titre, Pyxis est le créateur du produit Greenhopper qui a été racheté par Jira, de la société Atlassian. C’est le plugin Agile dans Jira qui s’appelle maintenant Jira Agile. Pyxis a donc vendu ce produit là et a maintenant créé un nouveau produit qui est Urban Turtle ».
D’où vient le nom d’Urban Turtle ?
PE – « A l’origine, les créateurs avaient pensé au nom d’Urban Cheetah, un jaguar de ville. Puis, ils se sont rendus compte qu’en anglais, Cheetah est …un cougar masculin. Ils se sont dit que ça n’allait pas le faire, surtout au Canada où c’est assez anglophone. Est alors venu leur idée de Turtle. C’est fun… Ca a un côté légende urbaine… Ca intrigue et ça se retient bien ! »
Qu’est plus précisément Urban Turtle ?
PE – « En 2007-2008, Pyxis a commencé à travailler sur des projets .Net et a commencé à travailler avec TFS. C’était alors la deuxième version de TFS : le produit était bien mais en train de grandir et les gestions de projets agiles sur TFS, c’était juste impossible. Microsoft n’avait pas du tout fournit d’outils adaptés à l’Agilité.
Pyxis s’est dit : on a créé une plate-forme Agile dans Jira, pourquoi ne pas refaire la même chose dans TFS ? Urban Turtle est donc venu pour ramener des outils pour permettre aux équipes Agile de travailler dans leur organisation quotidienne avec TFS.
On va retrouver dedans les outils classiques : une notion de product backlog, ou de sprint backlog, pour rythmer le temps de travail des équipes de développement. On a également d’autres outils plutôt liés au management ou au product owner : des outils de reporting, des dashboards Agile. Il va y avoir un certains nombres de métriques qui sont produits par l’outil (liées à la finance, à l’avancement des projets…) pour faciliter la gestion d’une roadmap dans un projet qui va intégrer une vue type Gantt, type MS Project directement dans le TFS pour pouvoir gérer un projet sur le long terme (gérer les milestone, le séquencement des tâches…).
Urban Turtle évolue régulièrement et, aujourd’hui, Pyxis est partenaire Microsoft et travaille en collaboration avec Microsoft qui est très content d’avoir une société qui va fournir de nouveaux outils Agile sur la plate-forme TFS. La roadmap d’Urban Turtle est d’aller dans des produits que Microsoft a décidé d’écarter de la plate-forme TFS. Le prochain item de la roadmap d’Urban Turtle est lié au porte-folio management qui est un élément totalement écarté par Microsoft des futurs versions de TFS. C’est vraiment complémentaire ».
Le 3 novembre le Mic a organisé un Dev1st Monday sur le thème Urban Turtle. Pourquoi participer à ce type d’événement ?
Norman- « On a fait le premier. C’est un rendez-vous qu’on aime bien : on aime partager, et puis c’est fun ! ».
PE – « Le mot clé principal, c’est ça : c’est fun. Une des raisons pour lesquelles on donne des conférences aujourd’hui, c’est parce que ça nous amuse. On y prend beaucoup de plaisir à partager. Ca nous aide à apprendre aussi, on a toujours un retour des personnes : c’est un côté intéressant.
Après, pour le côté Urban Turtle, cela nous permet d’avoir de la visibilité. Aujourd’hui, c’est un outil très utilisé en Amérique du Nord ou en Angleterre, mais il est encore assez peu utilisé en Europe francophone et notre volonté est de le présenter, car, pour les équipes Agile, c’est juste un produit incroyable !
Pyxis est sponsor du Mobile Dev Day du 27 novembre prochain. En quoi est-ce important pour vous de soutenir ce genre d’initiative ?
PE – « A titre privé, ce que fait Renaud via le MIC et via le MDD, ça répond à la même volonté que DotNetHub avait à la base : amener la technique, le partage de connaissances aux développeurs francophones. C’est vraiment se rapprocher des gens. Le premier côté qui m’intéresse, c’est ça : avoir des choses qui se passent aussi en Wallonie, des grands événements techniques et de pouvoir participer aux initiatives de Renaud.
Pour le côté Pyxis, à nouveau, c’est le côté visibilité. Cela fait assez peu de temps qu’on est en Belgique et on veut se faire davantage connaître. Chacun, on a une assez bonne visibilité par les conférences qu’on a pu donner. Maintenant, il faut rattacher cette visibilité là au nom Pyxis. C’est donc effectivement rencontrer les développeurs, les managers, présenter l’outil Urban Turtle ».
Norman – « Pour moi, c’est un peu la même chose. Quand on a démarré les conférences et la journée Agile, on pleurait après les sponsors. Maintenant qu’on est une société, on peut sponsoriser. Renaud nous le rend, même sans rien demander : il vient à toutes les journées Agile. C’est un retour humain entre nous ».
Si vous voulez les rencontrer, Pierre-Emmanuel et Norman seront présents au Mobile Dev Day le 27 novembre prochain à l’Imagix de Mons.
Pour plus d’infos sur la journée Agile : http://www.journeeagile.be/
Ou sur Urban Turtle :
et Pyxis :
Pour joindre Pierre-Emmanuel : https://www.linkedin.com/in/pedautreppe